Ménopause : au XXIe siècle, la médecine n’a toujours pas de remèdes concluants pour soulager les femmes

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La ménopause est un phénomène important :  elle concerne toutes les femmes à un moment de leur vie, en général à partir de 50 ans. Pourtant, ce sujet ne semble pas au coeur des préoccupations du corps médical ni de la recherche médicale, car aujourd’hui on entretient l’idée que la ménopause n’est plus un problème. Les laboratoires pharmaceutiques soutiennent également cela et inondent le marché de compléments alimentaires vendus chèrement et dont les prix ne sont pas encadrés (ce ne sont pas des médicaments). Environ 85% des femmes ménopausées sentent au moins un symptôme lié à la ménopause autre que l’arrêt des règles, [1] et  25 % des femmes ressentent avec acuité ces troubles (bouffées de chaleurs, sueurs nocturnes, troubles du sommeil, sécheresse vaginale, douleurs articulaires…), inconfortables, désagréables et même douloureux. Ils peuvent avoir de lourdes conséquences sur la vie quotidienne et le sommeil.

Or ces effets étaient considérablement atténués, voire avaient disparu, grâce à  la prise d’hormones de substitution depuis une bonne vingtaine d’années. Mais il y a eu une sérieuse remise en question suite aux publications scientifiques faisant un lien entre cancer du sein et hormones de synthèse. [2] Ainsi, les prescriptions se sont raréfiées et ont été annulées en grande partie, [3] abandonnant à leur sort les 25% de femmes concernées par de forts effets indésirables.

Comme cela n’est pas pris au sérieux et n’engage pas le pronostic vital, les femmes sont infantilisées et obligées de se rabattre sur des compléments alimentaires douteux, inefficaces, faute d’autres médicaments proposés en pharmacie. Chez certains médecins, la ménopause serait ainsi synonyme des “troubles mentaux, d’hystérie et d’hallucinations”, jugement fait sans aucune preuve scientifique et plein de préjugés sexistes et misogynes.

Le seul argument scientifique est que ces effets vont s’atténuer à mesure que le temps passe. Mais aucun suivi n’est établi. C’est extrêmement secondaire. Et surtout, que les troubles s’atténuent ou non (ce qui n’est pas systématique), est-il normal que nous soyons laissées sans solution en attendant ?

Peu d’études existent ou sont en cours sur des traitements efficaces et sans effets secondaires dangereux. [4] Il n’y a pas davantage d’études  sur les pratiques actuelles des femmes ménopausées. Ces femmes, souffrant de symptômes affectant leur qualité de vie pourraient se sentir obligées de se soigner elles mêmes (en se tournant vers les médecines dites “naturelles”, l’acupuncture, le yoga, voire un usage détourné de certains médicaments, …), sans aucune donnée sur les risques éventuels ou les inconvénients de ces alternatives.

Et lorsque l’on  compare la médication mise à la disposition des hommes, il semble que pour eux il n’y ait pas de phases prédéterminées et naturelles de leur biologie (exemple le Viagra !). Ils sont pris au sérieux…

 

Références

1             Makara-Studzińśka MT, Kryś-Noszczyk KM, Jakiel G, Epidemiology of the symptoms of menopause – an intercontinental review, Przegla̜d Menopauzalny Menopause Review, 2014
2             Löwy I, Gaudillière J-P, Médicalisation de la ménopause, mouvements pour la santé des femmes et controverses sur les thérapies hormonales, Nouvelles Questions Féministes, 2006
3             La ménopause, Caducée
4             Ménopause, Améliorer la sécurité d’utilisation des traitements hormonaux, Inserm, La Science Pour la Santé